J’ai récemment eu l’occasion de découvrir Madère, petite île volcanique portugaise perdue dans l’océan atlantique. Madère se situe à environ 1 000km de Lisbonne, au large du Maroc. Elle bénéficie d’un climat doux toute l’année (températures minimales d’environ 15° l’hiver et maximale de 25° l’été), ce qui en fait une destination assez prisée des européens en mal de soleil. Falaises abruptes, côtes déchiquetées, sommets brumeux, cultures en terrasses, potagers et jardins fleuris… la nature s’est montrée généreuse envers Madère!
Madère fait partie d’une région jusqu’alors inconnue pour moi: la Macaronésie. C’est un ensemble d’îles composé, du nord au sud: des Açores, de Madère, des îles Canaries et des îles du Cap-vert.
Madère est en fait un archipel. Il est composé de l’île du même nom, de l’île de Porto Santo, des 3 îles Desertas, et des îles Selvagens. Seules les îles de Madère et de Porto Santo sont habitées.
J’ai passé une semaine à Madère et j’ai découvert l’île par ce qui m’a semblé le meilleur biais: la randonnée! Récit en images de cette semaine de marche:
Jour 1: La pointe Saint-Laurent
C’est la partie la plus orientale de l’île. Pour arriver au bout de la pointe, on traverse des paysages devenus très arides à cette période de l’année (fin juin).
On y devine très bien l’origine volcanique de l’île, avec partout d’anciennes coulées basaltiques et des rochers multicolores qui plongent dans l’océan.
Je termine la journée dans la petite ville de Machico. Avec ses 12 000 habitants c’est quand même la deuxième ville de l’île! Elle a une plage de galet et une petite plage de sable blanc (importé du Maroc). Ce jour là la ville accueille une petite fête en l’honneur de Saint Pierre (avec des processions kitschs, désorganisées et sympathiques, que je vous épargne ici).
Jour 2 Machico – Boca do Risco – Porta da Cruz
Le deuxième jour, départ de Machico pour franchir le col de Boca do Riso et passer sur la côte nord de l’île. Je traverse de nombreux paysages de cultures en terrasse (poios). On en trouve partout sur Madère. Après avoir été découverte il y a environ 600 ans, l’île a été colonisée par les Portugais qui y ont envoyé des paysans pauvres pour cultiver les terres arables. Ils taillèrent des terrasses sur tous les versants sud, et y plantèrent blé, orge et vigne (le vin de Madère est toujours réputé – je ne connaissais pas avant de venir mais ça ressemble un peu à un Porto).
Une fois arrivé au col, on a une très belle vue sur les falaises de la côte nord. Et le chemin continue en balcon le long de l’atlantique, jusqu’à rejoindre la ville de Porto da Cruz.
A Porta da Cruz, j’ai eu la surprise de découvrir une rhumerie. Le pays produit de la canne à sucre et du rhum, qui n’est pas mal du tout. L’un des apéritifs de l’île est la Poncha: du rhum, du miel, du jus d’orange et du citron. Excellent!
Je passe ensuite la nuit dans un adorable village dans les montagnes, Sao Roque.
Jour 3 Pico do Arieiro – Pico Ruivo
Cette journée a constitué la randonnée la plus physique du séjour. Elle débute au Pico do Arieiro, le deuxième sommet de Madère. Le reste de l’île est caché sous une mer de nuages au petit matin:
On emprunte ensuite un chemin sur les crêtes, menant jusqu’au plus haut sommet: le Pico Ruivo (1862m).
Partout, des parois immenses aux roches rouges, brunes, noires… le paysage est superbe, mais la randonnée assez physique, et surtout un peu éprouvante lorsqu’on souffre comme moi d’un léger vertige. Mais ça valait amplement le coup!
Au sommet du Pico Ruivo, le paysage se déploie sur 36o° et on embrasse toute l’île du regard.
On peut aussi malheureusement voir les ravages de l’incendie de 2010, qui a détruit plus de 1000 hectares de forêt. Les « cadavres » des bruyères arborescentes sont encore bien visibles:
Après la randonnée, je termine par un rapide tour de Santana, petit village célèbre pour ses maisons traditionnelles en toit de chaume (attraction touristique très surévaluée, à mon humble avis).
Jour 4 Caldeirao Verde
Cette randonnée commence au jardin de Queimadas, et rejoint le Caldeirao Verde (chaudron vert): une vasque naturelle où se précipite une cascade. Pour y arriver, on traverse la Laurisilva, la forêt laurifère de Madère. C’est une forêt primaire classée au patrimoine mondial de l’unesco.
En plus de construire des terrasses dans tout Madère, les paysans portugais ont conçu un vaste système de canaux pour les irriguer: les levadas. Ces canaux permettent d’acheminer d’importantes quantités d’eau du versant nord-ouest de l’île, plus arrosé, vers le versant sud-est, pour les cultures. Madère compte environ 2000km de levadas, ce qui est énorme au vu de la taille de l’île (55km de long sur 22km de large). La plupart suivent le flanc des montagnes, et sont bordées de chemins aménagés pour la maintenance. Les levadas contribuent largement à faire de Madère le paradis de la randonnée puisqu’elles constituent autant de sentiers, et sont si légèrement inclinées qu’on a l’impression de marcher sur du plat.
Le chemin vers le Caldeiro Verde suit une de ces levadas, à flanc de montagne:
Il faut environ 2h pour rejoindre la cascade. Au risque de passer pour blasée, je dois dire qu’elle ne m’a pas beaucoup impressionnée après toutes celles que j’ai pu voir en Dominique (comme celle-ci ou celle-là), mais la balade elle-même valait le coup!
Jour 5 Lombo do Mouro – Bica da Cana – Encumeada
Le cinquième jour, deux autres levadas sont au programme: la levada Nova et la levada do Norte.
La première levada traverse plusieurs tunnels, certains sont très courts, mais le plus long prend 20min à traverser (à la lumière d’une lampe de poche: claustrophobes s’abstenir…):
Je me suis ensuite retrouvée dans une forêt de bruyères arborescentes, dans une atmosphère un peu irréelle:
Le chemin débouche ensuite sur une crête:
Les nuages se sont dispersés pour dévoiler la vallée de Sao Vicente, avec au loin l’océan:
Jour 6 Encumeada – Pico Grande – Curral das Freiras
Pour cette dernière journée, l’objectif est de rejoindre un autre pic de l’île, le Pico Grande, puis de redescendre vers un petit village (Curral das Freiras). La marche commence par une longue montée à travers une forêt d’encalyptus (espèce rapportée d’Australie, et qui pousse partout à Madère), puis sur un sentier dominant la vallée:
Une fois au sommet, et après une petite pause à admirer la vue, il faut redescendre pendant environ deux heures vers Curral dal Freiras (descente un peu raide qui met les genoux à l’épreuve).
Et voilà, c’est déjà la fin de mes 6 jours de randonnée! Je termine mon voyage par une dernière journée dans la capitale, Funchal. Presque la moitié des madérois y vivent (111 000 habitants). C’est une petite ville où il fait bon flâner.
Je me suis rendue sur le plus célèbre marché de la ville, le marché dos lavadores. Les étals débordent de fleurs, fruits et légumes, produits locaux…
Je me suis aussi baladée le long de la rue Santa Maria, la plus vieille de la ville. Les portes de la plupart des maisons y ont été peintes dans le cadre d’un projet pour revitaliser le quartier:
Après cette semaine de randonnée, je repars conquise par Madère! L’île est un vrai petit paradis de nature, parfait pour la marche. Un séjour à Madère peut aussi être facilement complété par quelques jours de farniente à Porto Santo, qui bénéficie d’une immense plage de sable blanc. Ce n’était pas au programme pour moi, mais une prochaine fois, qui sait?
2 Comments
Splendide !! Je l’attendais cet article !! C’est magnifique et très sportif BRAVO et un GRAND MERCI pour ces superbes photos et un récit passionnant ! J’avais l’impression d’y être, la fatigue en moins …
Splendide !! Je l’attendais cet article !! C’est magnifique et très sportif BRAVO et un GRAND MERCI pour ces superbes photos et un récit passionnant ! J’avais l’impression d’y être, la fatigue en moins …