Il y a des lieux dont la simple évocation fait rêver. C’est le cas de Zanzibar, archipel de l’océan indien situé en en face des côtes tanzaniennes. Je suis tombée sous le charme de l’île principale, Unguja, connue par les voyageurs du monde entier sous son surnom d’ile aux épices – en référence au commerce qui a fait sa renommée.
Stone town
Stone Town, c’est-à-dire la « ville de pierre », est le vieux quartier de Zanzibar, la ville principale d’Unguja qui a donné son nom à l’archipel. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle est l’une des villes les plus importantes de la culture swahilie. L’architecture des bâtiments et des palais témoigne de l’influence africaine, arabe, indienne et européenne de Zanzibar C’est une vraie petite merveille – et mon gros coup de coeur du voyage.
Stone town, c’est un dédale architectural à l’image des medinas du monde arabo-musulman : un étroit labyrinthe de ruelles enclavées dont le mauvais état actuel laisse deviner la splendeur passée. J’ai essayé de la visiter avec un plan, mais je crois qu’il faut simplement se résigner à s’y perdre :
La ville de pierre est surnommée ainsi car ses constructions ont été principalement réalisées en blocs extraits du massif de corail et en bois de palétuvier, liés à l’aide d’un épais mortier de chaux puis enduits de plâtre et de chaux, illustrant ainsi la complexe fusion des influences swahilies, indiennes, arabes et européennes dans les traditions de construction et dans l’urbanisme. Le charme des bâtiments est rehaussé par les fameuses vieilles portes en bois sculpté :
La vieille ville est entourée par l’océan indien – lorsqu’on regarde l’horizon on voit passer des boutres ou dhows, un type de voilier arabe traditionnel:
Je me suis baladée dans les jardins Forodhani, en bord de mer de la vieille ville :
En face des jardins, on trouve Beit-al-Ajaib, la maison des Merveilles en arabe. C’est un palais cérémoniel construit en 1883, surnommé ainsi car ce fut premier bâtiment de l’île à posséder le courant et un ascenseur. Elle etait fermée et en attente de restauration durant ma visite.
Non loin, j’ai pu visiter le Palace Museum, un édifice construit à la fin du XIXe siècle sur les ruines du Beit-El-Sahel, l’ancien palais et résidence du sultan d’Oman (détruit par un bombardement anglais en 1896). Le bâtiment abrite un musée qui traite de l’époque du Sultanat.
Il faut savoir que Zanzibar fut la perle de l’empire omanais. Dès 1698, le petit pays de la péninsule arabique colonise l’île proche de la cote tanzanienne. Mais en 1964, une révolution met brutalement fin au règne économique des Omanais. En deux jours, avec l’aide de la Tanzanie voisine et du bloc soviétique, plus de 5 000 personnes sont assassinées. Sur les 50 000 Arabes présents à Zanzibar, 30 000 s’enfuient. A Oman bien sûr, mais aussi en Arabie Saoudite, à Dubaï, au Canada. Les plus modestes restent. Les maisons des Omanais sont alors nationalisées. Cette page sanglante de l’histoire de Zanzibar reste encore largement taboue.
Un des plus beaux monuments de Stone Town est l’ancien Dispensaire, agrémenté de vérandas et bâti entre 1887 et 1894. Il sert maintenant à des expositions d’artisans locaux:
J’ai également visité la cathédrale anglicane qui rend hommage à l’œuvre de David Livingston en faveur de l’abolition du commerce des esclaves et qui est érigée sur le site du dernier marché aux esclaves :
On peut y visiter un musée sur l’histoire de l’esclavage dans l’archipel (petit mais excellent, sobre et didactique):
Lorsque le sultanat d’Oman prend possession de Zanzibar à partir de 1698, la ville vit alors de la culture de la datte, mais cette denrée nécessitant beaucoup de main-d’œuvre, les Omanais décident donc d’avoir recours à des esclaves africains (l’islam interdisant la traite de musulmans). Plus de deux siècles durant, les Omanais de Zanzibar acheminent les Africains venus de tout le continent pour les revendre aux riches entrepreneurs britanniques, arabes ou français. Entre 1830 et 1873 seulement, environ 700 000 esclaves furent vendus sur le marché de Zanzibar. C’est un pan très somble de l’histoire de l’ile, mais important à connaitre.
Autre bâtiment intéressant et ouvert à la visite, les bains perses de Hamamni, construits par le sultan Saïd Barghash à la fin du 19ème siècle et qui furent les premiers bains publics de Zanzibar. Bien qu’ils soient en parfait état, ils ne sont plus utilisés aujourd’hui:
On peut facilement prendre un bateau depuis Stone town pour aller visiter les iles environnantes ou comme je l’ai fait, faire une excursion de plongée a la demi-journée. La vue sur la vieille ville au retour depuis la mer est superbe :
Et si on a un peu de temps a Stone town, je conseille de passer une soirée à ecouter du taarab (déviation d’un verbe arabe « tariba » qui veut dire « être ému par la joie ou la peine »), une musique d’Afrique orientale étroitement liée à la culture et au mode de vie swahili :
Parc National de Jphansi
La forêt de Jozani se trouve à environ 35 km au sud-est de la ville de Zanzibar et se visite facilement. Elle accueille une espèce locale unique, le singe Colobe rouge :
Le colobe rouge est une espèce endémique à Zanzibar, et est l’un des singes les plus rares en Afrique, avec moins de 2000 spécimens dans le monde. Les singes sont arboricoles, se nourissent de feuilles et passent la plupart de leur temps dans les arbres. Ils ne sont pas du tout farouches!
On trouve aussi dans le parc la seule forêt de mangrove naturelle préservée de l’île:
La côte Est de Zanzibar: Paje et Dongwe
J’ai aussi passé deux jours sur la côte Est de Zanzibar, à Paje, un petit village de pécheurs et vrai petit coin de paradis :
Non loin de mon hôtel, j’ai adoré ce petit bar sur pilotis:
Une des attractions de l’est de Zanzibar est le restaurant « The Rock » : un restaurant perché en haut d’un rocher qui, selon la marée, est soit entouré par l’eau de l’océan Indien, soit entouré de sable. Le restaurant a été construit sur un ancien poste de pêche abandonné et est donc accessible en bateau, à pied ou à la nage selon l’heure du jour. J’y suis allée passer un déjeuner : magique!
Je repars complètement conquise par l’ile aux épices… kwaheri, Zanzibar!
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