S’il y a bien un endroit au monde qui excite l’imagination, c’est l’île de Pâques! Pour s’y rendre, il n’y a que l’avion, avec une étape soit par Santiago du Chili, soit par Tahiti. L’île de Pâques, ca se mérite: c’est l’une des terres les plus isolées du monde ! Dixit Pierre Loti : “ Il est, au milieu du Grand Océan, dans une région où l’on ne passe jamais, une île mystérieuse et isolée; aucune autre terre ne gît en son voisinage et, à plus de huit cents lieues de toutes parts, des immensités vides et mouvantes l’environnent…” Ca plante le décor!
Si on vient sur l’île de Pâques (ou Rapa Nui), c’est bien évidemment pour voir ses fameux sculptures monolithiques, les moais. Voila un condensé de ce que nous avons appris sur eux durant notre visite.
Un peu d’histoire
La première colonisation de l’île
La théorie la plus communement acceptée (et confortée par la tradition orale) est que le roi Hotu Matu’a arriva sur l’île de Pâques depuis la mythique île de Hiva (probablement une des îles Marquises), entre le 6e et 8e siècle après JC. Il fonda une nouvelle civilisation sur cette île accueillante, alors recouverte de palmiers et de plantes comestibles, où abondaient également les oiseaux de mer et le poisson.
La construction des moais
Comme dans toute la Polynésie, sur l’île de Pâques, le culte des ancêtres a régit une grande partie de la vie spirituelle de ses habitants. Les Rapanui croyaient que le « mana » (énergie spirituelle) des personnages importants continuait d’exister après leur mort et pouvait influencer les événements bien après celle-çi, croyance devenue tangible lors de l’élaboration du moai.
La culture Rapa Nui érigea d’énormes autels cérémoniels (appelés “Ahu”) sur lesquels étaient installés les moais, énormes sculptures taillées dans la pierre volcanique. Au moment de la mort du chef d’une tribu ou de l’un de ses membres les plus importants, on ordonnait la sculpture d’une statue ensuite transportée dans le village de manière à projeter son « mana » ou pouvoir surnaturel à travers son regard. Les moais ont toujours été positionnés face à leur village et à leurs descendants, et non pas face à la mer, leur but n’étant pas de protéger les Rapanui des menaces extérieures, mais de les recouvrir d’un manteau protecteur. La période des moais s’étendit approximativement entre 800 après JC. et 1860.
Plusieurs théories ont été avancées pour expliquer comment les Rapanuis avaient pu transporter sur des kilomètres des statues mesurant jusqu’à 10 mètres de haut et pesant jusqu’à 100 tonnes. L’hypothèse la plus plausible est la conception d’un système de rampes et de treuils. Les statues étaient alors tirées debout par des cordes, ce qui est conforté par la tradition orale, qui raconte que les statues ont « marché» jusqu’à leur ahu.
Le déclin
On estime que l’île de Pâques, entre les 15e et 18e siècles, a connu un épisode de surpopulation qui a provoqué une crise de ressources et des conflits entre les 10 ou 12 tribus qui peuplaient l’île. L’obsession de construire des moais toujours plus grands a été l’une des principales causes de la déforestation et du manque de nourriture, tandis que la prolifération des rats a anéanti des pans entiers de la végétation locale et mis fin à la nidification de nombreux oiseaux de mer.
Toutes les statues furent progressivement renversées de leur autels lors d’affrontements entre clans (pour priver les ennemis du « mana » ou de la protection que les moais leurs offraient). Le dernier rapport d’un voyageur affirmant avoir vu un moaï debout date de 1838. Tous les moais que l’on voit debout aujourd’hui sur leurs ahus ont ete restaurés et relevés.
La civilisation pascuane a ensuite connu une quasi-extinction alors que ses habitants ont été emportés par la tuberculose, les rapts puis les massacres perpétrés par les Péruviens au 19e siècle.
L’itinéraire jour par jour
J1
Arrivée sur l’île. Nous allons diner dans le centre de la petite capitale d’Hanga Roa (la seule ville de l’île), et nous croisons nos premiers moais:
Nous fêtons notre arrivée sur l’île de Pâques (et donc en Amérique latine) avec un petit cocktail au pisco (une eau-de-vie de vin produite au Pérou et au Chili par distillation du raisin):
J2
Nous louons une voiture pour faire le tour des principaux sites de l’île de Pâques (la route principale fait le tour de l’île en décrivant une boucle de 50km environ).
Ahu Akahanga : une plate-forme non restaurée où l’on trouve des statues renversées, dont certaines brisées.
Non loin, se trouve « Te Pito o Te Henua », une pierre représentant le nombril du monde. Ce site etait utilisé comme lieu de rassemblement par les chefs des tribus.
Carrière Rano Raraku : cet ancien volcan abrite la fameuse grande carrière des moais. On en dénombre près de 397 sur ses flancs tant sur la paroi externe qu’à l’intérieur du volcan (sachant qu’il y a actuellement 887 moai répertoriés sur toute l’île), et il est probable que plusieurs sont encore ensevelis sous des éboulis.
Ahu Tongariki : la plus grande plateforme de l’île avec 200 mètres de long et 15 moaïs:
Ahu Anakena : la plus belle plage de l’île, où l’on trouve un ensemble de 7 statues, dont 5 intactes.
Puna Pau : la carrière d’où étaient tirées les coiffes des moaïs. Ces grands cylindres de pierre rouge représentent le pukao (chignon ou chapeau – les avis diffèrent) qui étaient posés au sommet des sculptures.
Ahu Akivi : le seul alignement de statues tournées vers la mer de toute l’île de Pâques. Ces 7 moais personifieraient les 7 envoyés du roi Hotu Matu’a venus explorer l’île:
En soirée, nous allons diner au restaurant le « Bout du monde », et admirer le coucher de soleil sur l’île:
J3
Tôt le matin, nous allons voir le soleil se lever sur Ahu Tongariki.
L’après-midi, nous louons des vélos pour explorer le nord de l’île: nous pédalons jusqu’à Ahu Akivi où débute la randonnée vers le mont Terevaka, le plus haut sommet de l’île (qui “culmine” à 511 mètres d’altitude). La marche ne nous prend que deux heures, et nous rentrons ensuite à vélo.
J4
Le matin, nous faisons un tour organisé dans le sud de l’ile. Notre premier arrêt est pour Ahu Vinapu, un ahu avec un impressionnant appareillage de pierre. Comme cette façon de travailler la pierre n’existe dans aucune autre partie de la Polynésie et ressemble fort aux constructions Incas, elle a donné lieu à de nombreuses théories (globalement peu étayées) sur une origine sud-américaine de la population de l’île.
Nous atteignons ensuite les bords du cratère du volcan Rano Kau, un des plus beaux sites de l’ile.
Sur les bords du volcan, se trouvent les vestiges du village cérémoniel d’Orongo, avec 53 maisons-basses en pierre de basalte. Elles n’étaient occupées qu’une courte partie de l’année, au printemps, pendant la cérémonie dite de « l’Homme-Oiseau. Ce culte a pris la suite de celui des moais au 17e siècle et a perduré jusqu’à l’arrivée des missionnaires catholiques en 1866.
Alors que les différents clans se disputaient le pouvoir politique, la cérémonie de l’Homme-Oiseau permettait de désigner un leader sur l’ile pour une durée d’un an. Chaque clan désignait un représentant au printemps, avec l’arrivée des oiseaux de mer retournant nicher sur les îlots voisins de l’ile de Paques. Ce représentant se rendait alors dans le village d’Orongo pour célébrer des rituels. Tous les concurrents descendaient ensuite les falaises vertigineuses du Rano Kau pour rejoindre la mer et nager 2 kilomètres jusqu’à l’ilot voisin de Motu Nui. Le premier à ramener au village un oeuf de sterne (des hirondelles de mer ou Manutara dans le langage local), sans le briser, prenait alors le nom d’Homme-Oiseau. Il incarnait sur Terre le Dieu Maké Maké : le créateur de l’univers.
L’après-midi, j’abandonne Gildas le temps de quelques heures pour aller plonger. L’île de Pâques est reputée pour ses eaux claires et transparentes, et il est possible d’atteindre une visibilité de 50 mètres. Cette caractéristique unique s’explique car l’île de Pâques se trouve dans la région la moins planctonique de l’Océan Pacifique, ce qui lui procure une eau avec très peu de particules. Cette eau n’est troublée par aucune rivière, et le peu d’activité industrielle de l’île préserve le lieu. Cette absence ou presque de plancton est du coup préjudiciable à la faune et flore des fonds marins : la vie aquatique ne se distingue pas par sa richesse, cela dit les rares espèces de coraux sont spectaculairement développés.
On ne croise donc pas beaucoup de poissons autour de l’ile… mais on peut y voir un moai!
J5
Visite du petit musée de Rapa Nui le matin. On y trouve notamment un rare moai féminin (une douzaine en tout ont été retrouvés sur l’ile):
On peut aussi voir les vestiges d’un oeil de moai, fait de corail blanc sculpté et d’une pierre volcanique rouge (scorie):
Nous visitons ensuite le site d’Ahu Tahai, adossé à la mer, qui compte 3 séries de plate-formes avec des moais de style archaique:
Il est ensuite temps de quitter l’île de Pâques, direction le Chili continental!
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