Me voilà revenue d’un séjour en Afrique, plus précisément en République démocratique du Congo. La RDC n’est actuellement pas exactement une destination touristique : le Ministère des Affaires étrangères en déconseille même la visite, « sauf raison impérative» :
Je m’y suis retrouvée pour une mission professionnelle d’un peu plus de 3 semaines. Avec un peu d’appréhension au départ car mon arrivée coïncidait avec un regain de violences dans la capitale due au report des élections présidentielles par le président Kabila (qui est visiblement peu pressé de quitter le pouvoir). Tout s’est bien passé pendant mon séjour, et même si je n’étais pas venue pour faire du tourisme j’ai pu découvrir un peu ce pays que je ne connaissais pas du tout. Pour commencer par les bases, la RDC est le plus grand pays d’Afrique subsaharienne (et le deuxième plus grand pays d’Afrique après l’Algérie). Sa capitale, Kinshasa, compte plus de 10 millions d’habitants et se trouve sur la rive sud du fleuve Congo. C’est là que j’ai logé pendant mon séjour.
La Gombe
J’ai été hébergée dans un compound (= résidence sécurisée) dans les bureaux de l’ONG pour laquelle je travaille, dans le quartier de La Gombe, qui est le quartier du pouvoir de la capitale, et là ou sont situées la plupart des ambassades. C’est donc relativement cossu (tout est relatif). Mon arrivée a été un poil anxiogène : comme un opposant venait tout juste de se faire arrêter et que mes collègues craignaient de nouvelles violences dans la ville, la première chose qu’on m’a proposée de faire a été un tour au supermarché pour faire un stock de vivres au cas où je serai bloquée dans mon compound pendant plusieurs jours. Devant la montagne de conserves qu’on mettait dans mon panier j’ai naïvement avancé que je n’avais vraiment pas besoin de tout ça – ce à quoi on m’a rétorqué qu’il fallait surtout prévoir de nourrir les gardes, parce qu’ils partiraient en me laissant à mon triste sort s’ils n’étaient pas nourris. Ah.
On m’a ensuite donné un téléphone satellite (cool) et on m’a briefée sur les consignes de sécurité (moins cool). Il a vite été clair que je ne me baladerai pas beaucoup, puisqu’on m’a formellement déconseillé de marcher dans la rue. L’idée me frustrait un peu au début, mais je me suis rapidement résignée quand une collègue américaine qui vit là depuis plusieurs années m’a fait remarquer que tous ses visiteurs qui avaient voulu « jouer aux cow-boys » et se promener s’étaient fait enlever (ils sont tous réapparus rapidement, généralement après s’est fait détrousser et être laissés quelque part en bord de route dans la cambrousse). Donc je me suis baladée en voiture avec chauffeur, ou avec un garde lorsque je marchais dans le quartier. Je ne sais toujours pas si tout cela n’était pas un peu exagéré, mais en tout cas j’ai préféré ne pas trop faire la maligne. Apres ce premier jour un peu déroutant, mon séjour s’est déroulé sans accroc. Je n’ai pas fait grand-chose d’autre que ce pour lequel j’étais venue – remplir des tableaux excels – mais j’ai quand même pu me balader un peu :
La réserve de bonobos Lola ya bonobo
A quelques kilomètres de la banlieue sud de Kinshasa, on trouve, Lola ya bonobo, un sanctuaire créé par une belge, Claudine André, dans le but de recueillir et de sauver des bébés bonobos victimes du braconnage. Dès qu’ils deviennent suffisamment autonomes, l’objectif est ensuite de les réintroduire dans une réserve naturelle. Je m’y suis rendue avec des collègues de mon bureau à Kinshasa.
C’était une occasion idéale de voir des bonobos, puisque c’est une espèce qu’on ne trouve qu’ici, dans les forêts équatoriales de la République démocratique du Congo, entre le fleuve Congo et la rivière Kasaï.
Les bonobos sont menacés de disparition à brève échéance à cause de la dégradation de leur habitat naturel par la déforestation et le braconnage. La réserve de Lola ya bonobo compte plus de cinquante bonobos, et ce nombre ne cesse d’augmenter.
C’est bien connu, les bonobos sont les plus proches cousins de l’homme. Comme nous, ils se tiennent debout, ont recours à des outils et en enseignent le maniement a leurs petits, jouent, rient, pleurent. C’est aussi le seul primate à se laisser mourir, sciemment, s’il ne ressent pas d’affection.
On a aussi beaucoup écrit sur les relations sexuelles chez les bonobos. Feintes ou réelles, elles ont généralement une fin sociale plus que reproductive et sont souvent utilisées comme mode de résolution des conflits.
Nous avons terminé la visite du sanctuaire par un tour à la nurserie. Quand il a fallu partir j’ai fait au revoir de la main a un petit bonobo qui me regardait… et qui a répondu avec le même geste. On s’est fait de grands au-revoir de la main pendant quelques minutes et je suis repartie toute émue par cette rencontre…
Tintin au Congo (?!)
On trouve un peu partout a Kinshasa une étrange – et dérangeante – memorabilia autour de Tintin. Et plus précisement, autour de l’ouvrage objectivement raciste « Tintin au Congo », qui a bercé pas mal de nos enfances. Quand on m’a conseillé d’aller dans un bar qui s’appelle « Tin-Tin » (prononcé à l ‘américaine) je n’ai pas fait du tout le rapprochement, et je me suis donc retrouvée la:
Cela dit, le coin est sympa, et on y mange local:
Et surtout on a une belle vue sur le fleuve Congo et ses rapides:
Le fleuve Congo
Le Congo est donc le fleuve qui sépare la République Démocratique du Congo (anciennement appellé Zaire) de son voisin, la République du Congo (qu’on appelle Congo-brazzaville pour ne pas confondre). Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ces deux Congo n’ont jamais constitué un seul pays. Avant la colonisation européenne, ce territoire partageait une réalité géographique, celle du bassin du fleuve Congo, mais ni unité ethnique ni historique. Le bassin du Congo a ensuite été divisé entre deux colonisateurs: la France, sur la rive droite, et la Belgique sur la rive gauche.
Un chouette endroit pour voir le fleuve Congo est un bateau-restaurant de Kinshasa, le Majestic:
On peut voir au loin la capitale du Congo, Brazzaville. Kinshasa et Brazzaville sont les deux capitales les plus proches du monde!
La suite avec l’autre coté du fleuve Congo: Brazzaville!
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