Après Kinshasa, j’ai traversé le fleuve Congo pour me rendre dans la capitale de la République du Congo: Brazzaville. J’avais entendu pas mal d’histoires sur la traversée de la frontière et j’étais préparée au mieux, c’est à dire qu’un agent consulaire avait été embauché pour me faciliter le passage côté DRC et un chauffeur m’attendait côté Congo. Malgré ça, le passage des douanes et de l’immigration m’a pris plusieurs heures, et je n’ai pas pu faire autrement que de payer un petit pot de vin. La traversée en elle-même ne dure qu’une dizaine de minutes sur un petit bateau à moteur:
Une fois arrivé à Brazzaville, le contraste avec l’autre côté du fleuve est frappant.
La ville est (relativement) développée et bien plus petite que Kinshasa: 1,5 millions d’habitants à Brazza, contre 10 à Kinshasa. C’est surtout beaucoup plus calme, et on peut s’y balader tranquillement. Non seulement on peut marcher, mais il y a enormément de taxis: ils pratiquent un prix fixe et bon marché, on les repère immédiatement puisqu’ils sont tout verts, et ils sont encore plus nombreux que leurs confrères jaunes de NY (je me suis arrêtée pour compter a un moment – sans exagérer 2 voitures sur 3 qui passaient étaient un taxi. Ce qui doit d’ailleurs expliquer les tarifs très concurrentiels). Hyper pratique, donc.
J’ai marché plusieurs heures pour découvrir Brazzaville et s’il n’y a rien de particulièrement spectaculaire, c’est plutôt une ville agréable. J’ai aussi été frappée par un sentiment un peu bizarre de familiarité: je ne sais pas si ça venait de la langue ou de l’architecture, mais après plus d’un an aux USA c’était la première fois que je me trouvais dans un endroit qui me rappelait un peu la France (par plein de petits détails un peu bêtes, par exemple les panneaux de signalisation sont exactement les mêmes qu’en France).
J’ai visité le mausolée de Pierre Sarvognan de Brazza, un explorateur italien naturalisé francais qui par ses découvertes a ouvert la voie a la colonisation francaise en Afrique Centrale. J’ai d’abord été un peu étonnée, voir choquée par la présence de ce monument: à l’intérieur, l’explorateur est présenté sous un jour très romantique et aucune des différentes expositions n’aborde les aspects sombres de la colonisation française. On peut considérer que ce n’est pas le sujet du mausolée, mais c’est aussi difficile à passer sous silence sans sembler glorifier un passé pour le mieux ambigu…
Le mausolée retrace les expéditions successives de Brazza pour remonter le cours du fleuve Ogooué et atteindre le fleuve Congo, ainsi que la fondation de la ville de Brazzaville en 1880, au terme d’un accord signé avec le roi des Batékés. Force est de reconnaitre que De Brazza était essentiellement un type sympathique, et un humaniste respectueux des peuples qu’il rencontrait et désespéré par leur exploitation. Son intégrité morale lui vaudra d’ailleurs d’être écarté par ses adversaires de l’administration du Congo Français.
Parmi les autres bâtiments notables, j’ai visité la basilique Sainte Anne du Congo:
Ici, le « gratte-ciel » le plus impressionnant de la ville, la tour Nabemba qui fait 30 etages et accueille… le siège d’Elf-Congo. La colonisation est peut être bien terminée, mais la francafrique ne se porte visiblement pas mal…
No Comments