Me voilà de retour de deux semaines passées à Madagascar. Comme j’étais en mission professionnelle et non pas en vacances, j’ai fait ce qu’aucun touriste ne ferait, c’est-à-dire que j’ai passé tout mon temps à Antananarivo, la capitale de l’ile. Antananarivo, ou plutôt Tana, comme tout le monde l’appelle, est située sur les hauts plateaux malgaches et s’étend sur une série de 18 collines. Ce n’est pas une ville qui séduit d’emblée : on y trouve des embouteillages a n’en pas finir, la pollution et la misère. Mais elle a aussi du charme, avec ses toits de tuiles et de tôles, ses anciennes maisons coloniales qui tombent en ruine et ses ruelles tortueuses qui invitent à l’exploration.
Tana fut d’abord une forteresse construite par les rois Merina au début du 17ème siècle, qui en firent leur résidence principale dans les années 1790. En 1895, les français s’emparent de la ville, qui deviendra plus tard la capitale de la colonie française de Madagascar. Depuis l’accession du pays a l’indépendance en 1960, Tana a conservé son statut de capitale.
La ville conserve ici et là des traces de son passé colonial, ce qui lui donne pour la francaise que je suis un étrange air de familiarité un peu dérangeant (que j’avais déjà ressenti dans d’autres anciennes colonies, comme le Congo-Brazza). Par exemple, la majorité des taxis sont soit des 4L de la marque Renault, soit des 2CV de la marque Citroën. Ils sont généralement en très piètre état, mais ca roule plus ou moins…
L’agglomération de Tana est divisée en trois parties : la ville haute, la ville moyenne et la ville basse. Cette division n’est pas seulement altitudinale, mais aussi visiblement sociale. Les quartiers les plus riches et les habitations les plus luxueuses sont situés sur les points les plus élevés de la capitale, à l’abri (très relatif) de la pollution, de l’agitation et du bruit de la ville. À l’inverse, les quartiers les plus pauvres, appelés les « bas quartiers » par les Malgaches, se situent presque tous dans les plaines de la ville basse.
La Rova (Palais de la reine)
La Rova (Palais de la Reine) fut la demeure officielle des souverains de Madagascar durant le 19 ème siècle. Il est perché sur la plus haute colline de Tana, à 1,650 mètres. On le voit d’absolument partout, c’etait donc un peu la visite incontournable de mon séjour.
L’édifice a d’abord été érigé en bois, un matériau noble et chaud dans la tradition malgache d’après les plans de l’architecte français Jean Laborde. Cette construction fut réalisée à la demande de la reine Ranavalona 1ère qui régna sur le Royaume de Madagascar de 1828 à 1861, à la place de son époux, Radama 1er. Autoritaire, elle prendra ses distances avec les Européens et combattra aussi les missionnaires chrétiens dont elle martyrisera les fidèles (en en jetant 14, vivants, depuis le haut d’une falaise située au pied du Palais).
Vingt ans plus tard, le Palais est rebâti en pierre (un matériau froid pour les Malgaches, qui était historiquement réservé aux tombes) sous la direction de l’architecte britannique James Cameron.
James Cameron ajouta un temple protestant à l’ensemble royal, suite à la conversion au christianisme de la reine Rasoherina, seconde reine de Madagascar.
On trouve dans la même enceinte des constructions plus anciennes, et notamment les cases royales Masoandrotsiroa et Besakana (en bois à droite sur la photo):
Cette statue est censée représenter la dernière reine malgache (j’ai un peu du mal à le croire – mais c’est mon guide qui l’a dit). Celle-ci a été déportée par les français sur l’ile de la réunion puis en Algérie.
A l’annexion coloniale française, en 1896, la monarchie est abolie, le Palais perd sa fonction politique mais est conservé par le Gouverneur de France. Après l’indépendance, la Rova ne retrouve pas la fonction politique qui avait été la sienne autrefois mais intègre simplement le patrimoine de la République malgache. Devenu musée, il subit un incendie dévastateur le 6 novembre 1995. En 2006, un plan de restauration fut décidé, qui n’est toujours pas terminé en raison de l’instabilité politique actuelle.
On domine tout Tana depuis la Rova:
De quoi donner envie d’explorer…
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