Après notre viste de Carthagène, il était temps de nous attaquer à la principale raison de notre voyage en Colombie (et qui était le cadeau d’anniversaire de mes 30 ans!) : le trek de la cité perdue! La cité perdue, c’est le site archéologique d’une ancienne cité fondée vers 800 ap. JC dans la Sierra Nevada de Colombie. On ne peut s’y rendre qu’à pied, en passant par une agence, et le trek dure entre quatre et six jours. L’offre est sensiblement la même avec toutes les agences, nous avons choisi Expotur qui avait une excellente réputation et on s’en est félicités – les guides étaient vraiment exceptionnels. Le prix est de 850,000 COP/par personne, soit 280 euros et inclut les repas et l’hébergement dans des hamacs et des lits de camp.
Santa Marta
Nous avons quitté Carthagène et fait 4 heures de bus pour nous rendre à Santa Marta, d’où partent les treks pour la cité perdue. On a passé une nuit dans la ville, en profitant de ce qui allait nous manquer pendant 4 jours, à savoir: un bon lit et une douche!
Jour 1: Santa Marta – El Mamey – Camp 1
Le lendemain matin, nous sommes partis de Santa Marta à 9h avec notre groupe (une quinzaine de personnes). Après 2h30 de route jusqu’à El Mamey, on rejoint notre guide, et on commence la marche. Il n’y a qu’un seul chemin pour rejoindre la cité perdue, donc nous serons obligés de revenir sur nos pas au retour. Nous avons choisi l’option de 4 jours comme nous n’avions pas beaucoup de temps, et on a trouvé que c’était l’idéal (5 jours auraient peut-être commencé à faire long).
Au début des années 2000, la zone de la Sierra Nevada a été le théâtre du conflit armé entre l’armée colombienne, les Farc, l’ELN et les paramilitaires d’extrême droite (AUC), notamment pour le contrôle des plantations de coca. Avec le soutien des États-Unis, les autorités colombiennes ont détruit les cultures en répandant de puissants herbicides par avion. Le principal herbicide utilisé est le Roundup de Monsanto, dangereux pour la santé et l’environnement, et qui n’en finit pas de polluer les nappes phréatiques de la region. Notre guide nous explique que toutes les zones déboisées que nous voyons le long de la route sont d’anciennes plantations de coca:
Les lieux sont totalement sécurisés depuis 2005, et l’armée régulière veille sur la cité perdue, un site archéologique et touristique majeur pour la Colombie. On va croiser tout le long du trek des militaires qui font le même chemin que nous (mais en portant 90kg d’équipement, eux).
Avec 4 heures de marche, nous terminons la plus petite journée du trek. On arrive en fin d’après-midi au premier camp ou nous passons la nuit:
Il n’y a pas de douche, mais on se baigne dans des piscines naturelles:
Jour 2: Camp 1 – Camp 3
Le lendemain, départ à l’aube. On marche d’abord le long de la rivière Buritica:
On entre ensuite en territoire indigène. Quatre peuples distincts, mais apparentés, vivent sur les versants de la Sierra Nevada : les Arhuaco (ou Ika), les Wiwa, les Kogi et les Kankuamo. Ils représentent une population de plus de 30 000 personnes. Ici, un village cerémoniel appelé Mutanshi:
Apres avoir franchi la rivière, on entame une montée d’environ 1h30, ultra raide.
Il fait très chaud et très humide, et on se demande un peu ce qui nous a pris de nous infliger ca pendant nos vacances :
Cette deuxième journée de marche dure à peu près 7 heures. On arrive ensuite au 3ème camp, à seulement 1h/1h30 de marche de la Cité Perdue! On touche au but!
Jour 3: Camp 3 – Ciudad Perdida – Camp 2
Le lendemain, on redémarre à l’aube pour rejoindre la cité perdue. On arrive rapidement devant le chemin construit par les Tayrona pour accéder à la cité: 1200 marches ultra raides:
On passe ensuite la matinée à explorer la cité avec notre guide. Le site est constitué de 169 terrasses gazonnées construites à même le flanc de la montagne:
La cité aurait été fondée vers 800 ap. JC. Les tribus locales l’appellent Teyuna et pensent qu’elle était le centre d’un réseau de villages habités par les Tayronas. La cité était probablement le coeur politique et économique de la région du Rio Buritaca et abritait de 2 000 à 8 000 personnes. Elle fut abandonnée durant la colonisation espagnole, et redécouverte en 1972 par des chasseurs de trésors locaux. La cité a alors été pillée pendant 3 ans pour ses figurines en or et ses trésors archéologiques. La situation a rapidement dégénéré, avec des pilleurs s’entretuant pour s’approprier le site, et les autorités ont fini par être alertées. Le gouvernement a pris le contrôle de la zone en 1975. Aujourd’hui quelques indiens Kogis habitent à nouveau la cité perdue. Ici le Mamo (chef spirituel et guérisseur) qu’on reconnait facilement à son bonnet pointu:
On peut voir partout dans la cité de petites places circulaires, des escaliers, des chemins et des canaux construits en pierre, ainsi que les fondations de maisons en paille ou en torchis. Ici, l’une des meilleures vues du site:
Il est ensuite temps de quitter la cité perdue, On marche d’abord jusqu’au camp 3 pour déjeuner et ensuite on remarche tout l’après-midi jusqu’au camp 2. Le temps se couvre alors rapidement.:
Il faut dire que jusque-là on avait eu une chance un peu insolente: alors qu’on a fait le trek en novembre, en pleine saison des pluies, on avait jusque alors toujours atteint chaque campement avant qu’un orage ne se déclenche (en général il faisait beau le matin et ça se couvrait en fin de journée). Ce jour-là, on se prend une pluie diluvienne pendant environ 2 heures de marche, et on arrive complètement détrempés au camp.
Pour notre dernière soirée ensemble, notre guide nous explique plusieurs aspects de la culture des Indiens de la Sierra Nevada, et notamment le rôle central de la feuille de coca dans la vie quotidienne, les offrandes et les cérémonies. Chaque homme porte une petite bourse remplie de feuilles de coca qu’il mâche pour créer un effet stimulant. Les hommes transportent également une gourde évidée – le poporo – qui contient une poudre de coquillages écrasés. Ils utilisent un bâtonnet pour prélever un peu de cette poudre et la mélanger à la boule de coca qui est dans leur bouche – l’alcalinité des coquillages provoque une réaction avec la coca en stimulant ses ingrédients actifs. Le surplus de poudre se fixe à l’ouverture du poporo formant avec le temps un épais collier:
Jour 4: Camp 2 – El Mamey
Le lendemain, c’est notre dernier jour de marche. Et heureusement, parce qu’on a à peu près plus rien de propre ni de sec à se mettre. On quitte le camp sous le soleil, pour encore 7 heures de marche:
On arrive en milieu d’apres-midi a notre point de depart, El-Mamey:
Ça a été 4 jours épuisants mais qui valaient amplement l’effort: c’était une randonnée vraiment inoubliable! Apres ça, il était quand même temps d’enchainer sur la partie la plus reposante du séjour : le parc national de Tayrona.
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