Nous quittons la côte pour nous enfoncer dans les terres, direction le seul parc national de l’Oregon: Crater Lake National Park. Plus nous avançons sur la route, plus l’air se charge de fumée et de cendres: nous approchons de plusieurs incendies qui ravagent l’état. Après plusieurs heures de conduite nous devons faire demi-tour: la route est coupée à cause des feux de forêt. Une pancarte le long de la voie annonce que l’air dans les environs est nocif, et que le Parc National où nous voulons nous rendre est entouré de pas moins de 5 feux… Crater lake National Park devait être le sommet de notre séjour mais nous nous demandons s’il est bien raisonnable de nous obstiner à nous y rendre puisqu’il est probable que la fumée nous empêchera d’explorer le site.
Nous décidons tout de même de tenter notre chance et perdons plusieurs heures de conduite à rebrousser chemin puis à emprunter des routes alternatives. Nous arrivons finalement en fin de journée à notre camping, situé en bordure du parc national. La responsable nous indique que le camping est fermé à cause des incendies, et nous indique un autre campement, le seul d’ouvert dans les environs. Une fois arrivés, il y a un seul RV dans le camping…et nous. Le propriétaire nous propose de nous installer où nous voulons, on choisit donc un emplacement au bord de la rivière. L’atmosphère est saisissante.
On va diner dans le seul restaurant du coin, qui ferme très tôt le soir comme à peu près partout hors des grandes villes américaines. On a l’impression d’être plongés dans un épisode de Twin Peaks, ce qui est renforcé par le fait d’être tous seuls dans un coin qui est sans doute habituellement pas mal fréquenté.
Il commence à pleuvoir des cordes, ce qui nous parait au moins une bonne nouvelle pour les feux de forêt, et nous rentrons nous abriter dans notre van. On est bien contents de ne pas dormir sous une tente…On passe la soirée à écouter des histoires d’horreurs en podcast (NoSleepPodcast = l’histoire d’horreur au coin du feu version 2.0), bien au chaud sous la couette avec la pluie qui tombe autour de nous. Si c’est pas ca le bonheur, ca y ressemble.
Le lendemain, le ciel s’est degagé. On a de la chance, on va pouvoir se rendre au Crater Lake National Park!
Ce Crater Lake, c’est en fait la caldeira remplie d’eau du Mont Mazama, un volcan qui atteignait autrefois 3650 mètres. Il y a 7700 ans, une violente éruption le fit s’effondrer sous son propre poids formant une cuvette presque ronde de 11 km de large et 1200 mètres de profondeur. Au fil du temps, les eaux de fonte des neiges et de pluie ont rempli le cratère, formant un lac magnifique, le plus profond des Etats-Unis (592 mètres) et le septième lac le plus profond au monde.
Un équilibre entre l’apport et la perte d’eau par infiltration et évaporation a fini par s’établir de sorte que le niveau reste globalement constant.
Il n’y a que deux îles sur le lac: la première et la plus grande s’appelle Wizard Island (« l’île du magicien »). C’est en fait un cône volcanique surgi du cratère qui atteint 233 mètres au-dessus de la surface du lac:
La deuxième île s’appelle Phantom Ship (« le vaisseau fantôme »), c’est une petite île rocheuse non loin de la rive, nommée ainsi à cause du reflet qu’elle forme à la surface de l’eau:
Nous empruntons la « Rim Road » une route circulaire qui fait tout le tour du lac. Malheureusement la route est coupée à cause des feux de forêts à proximité du lac donc il nous faudra faire demi-tour avant la fin de la boucle – mais on est déjà tellement contents d’avoir pu venir jusque-là qu’on ne va pas faire les difficiles!
Une route de 11 km part du bord sud-est de la « Rim Road » et permet d’atteindre les Pinnacles, un paysage parsemé d’aiguilles rocheuses qui émergent au milieu d’un champ de cendres:
Au loin, la fumée couvre une partie de la forêt de conifères:
Le lac n’étant alimenté par aucun cours d’eau il contient de très faibles concentrations de matières organiques, particules en suspension ou minéraux dissous, ce qui le rend exceptionnellement limpide (on arrive à y voir des objets à une profondeur de 40 mètres). L’eau est d’un bleu superbe, très intense (encore davantage quand il n’y a pas de fumée dans les alentours…).
Le Crater Lake est sacré pour les Klamath, un peuple amérindien originaire de cette partie de l’Oregon. Leur légendes racontent comment la caldeira fut creusée au cours d’une bataille cosmique opposant Skell, régnant sur le monde de la surface et Llao, seigneur maléfique du monde souterrain, assisté d’une cohorte de démons et d’écrevisses géantes (!) Skell, victorieux, détruisit le repaire de Llao et jeta son corps dans le lac. Les écrevisses entreprirent aussitôt de le dévorer, croyant qu’il s’agissait de Skell. Elles comprirent leur méprise lorsqu’elles arrivèrent au visage, et s’enfuirent. Wizard Island est tout ce qu’il subsiste de la tête de Llao.
Après avoir fait le tour du lac, nous allons ensuite déjeuner au Crater Lake Lodge, le seul hôtel du parc, qui n’est ouvert que l’été et qui comporte 70 chambres:
Le temps virant à l’orage, on décide ensuite de reprendre la route. Nous avons eu beaucoup de chance pour cette visite, car nous avons appris ensuite que le lac était visible pour la première fois ce jour la après avoir été couvert par la fumée pendant une dizaine de jours…
1 Comment
Paysages étonnants, magnifiques et superbes photos, sans
oublier les commentaires très intéressants ! Merci !
Ne prenez pas de risques !