Le Meghalaya est un des états du Nord-Est, dont le nom signifie « Demeure des nuages » en Sanskrit. C’est un endroit fascinant pour sa richesse ethno-culturelle et ses paysages: forêts de pins, montagnes brumeuses depuis lesquelles on peut voir jusqu’au Bangladesh, ponts de lianes, cascades gigantesques, grottes et monolithes… Je viens d’y passer quelques jours, et je suis complètement sous le charme.
Le Meghalaya est l’un des trois États de l’Inde majoritairement chrétiens. Les deux autres, étant le Nagaland et le Mizoram, qui se trouvent aussi dans le Nord-Est. Pour visualiser un peu plus, je vous situe ça avec une carte (le Meghalaya est entouré):
Et quand on voyage dans le Meghalaya, l’importance du christianisme dans la région est difficile à rater:
La capitale, Shillong, est une ancienne ville coloniale anglaise. Elle est entourée de collines boisées et était très appréciée des Britanniques pour son climat frais.
Il y a encore dans la ville des maisons coloniales en bois qui sont très mignonnes:
Bon, il ne faut pas trop s’emballer non plus, le reste de la ville c’est plutôt ça:
Dans les environs de la ville, on trouve plusieurs lacs et cascades:
La ville comporte aussi un impressionnant musée, le Don Bosco Center for Indigenous Cultures. J’y ai beaucoup appris sur les cultures tribales de la région.
Il faut savoir que les populations tribales représentent 85 % de la population du Meghalaya. Le groupe le plus important est celui des Khasi, probablement originaire de l’actuel Cambodge, et qui compte 5 millions de personnes. Leur mode de vie est assez fascinant.
Les Khasi composent la deuxième plus importante société matrilinéaire de la planète. Le pouvoir s’y transmet de mère en fille: la plus jeune des filles de la famille est celle qui hérite du patrimoine et tient ainsi la place la plus importante dans la société. La mère transmet son nom de famille à ses enfants et le fils, une fois marié, doit partir habiter dans sa belle famille. Dans la majorité des ménages, ce sont les femmes qui travaillent alors que les hommes restent à la maison et s’occupent des enfants. Effectivement, à Shillong comme dans les environs, j’ai pu constater que c’était généralemement des femmes qui tenaient les commerces.
Un mouvement d’émancipation des hommes, le Synbai Rimbai Tong Hai a vu le jour il y a quelques années, et revendique un plus grand rôle pour les hommes au sein de la société. De l’aveu même de son leader, ce groupe n’est « pas pris très au sérieux ».
Cette tradition matrilinéaire est cependant battue en brèche depuis quelques années, pour deux raisons principales. D’abord, la conversion des Khasi au christianisme, ensuite, la généralisation de la télévision, et donc la diffusion d’émissions et films (bollywoodiens principalement) qui transmettent une vision patriarcale de la société.
Une situation qui continue tout de même de contraster particulièrement avec le statut de la femme dans le reste de l’Inde…
Au Don Bosco Museum, j’ai aussi pu apprendre un tas d’informations sur l’hindouisme. J’ai notamment beaucoup aimé ce panneau.
Nous y confirmons donc que la femme est intrinsèquement inférieure à l’homme dans l’hindouisme (la meilleure des femmes pouvant espérer se réincarner dans le plus pire des hommes, si elle se comporte bien) mais ce n’est pas une surprise. Ce que j’ai bien aimé c’est la hiérarchie parmi les animaux, et surtout la question que ce schéma soulève: comment une plante peut-elle agir pour se réincarner en ver de terre? Qu’est-ce qui peut bien différencier une plante vertueuse, qui réalise des bonnes actions, d’une mauvaise plante? Je vais essayer de poser la question autour de moi, probablement en reformulant un peu pour ne pas trop blasphémer.
L’Inde est bien mystérieuse.
2 Comments
Tu pourras leur demander au passage pourquoi les singes sont considérés comme inférieurs aux autres animaux, mais quand même supérieurs aux vers ?
Bonne question! Je te tiendrai au courant de mes découvertes 🙂