J’ai quitté Darjeeling pour me rendre dans la ville de Gangktok, capitale du Sikkim. Gangtok est située à environ 4 heures de route en jeep collective. En chemin nous nous sommes arrêtés dans quelques villages:
Nous avons traversé les paysages de la région de Darjeeling :
Et nous sommes finalement arrivés au Sikkim. Voici la frontière, où en tant qu’étrangère il m’a fallu obtenir un permis. Le Sikkim est en effet un peu à part parmi les états indiens…
Le Sikkim est un ancien royaume bouddhiste, qui n’a été rattaché à l’Inde qu’en 1975. Situé entre le Tibet, le Népal et le Bhoutan, son importance stratégique est évidente quand on regarde une carte:
Le Sikkim constitue ainsi un état-tampon entre l’Inde et la Chine, deux puissances qui connaissent des contentieux frontaliers depuis la guerre qui les a opposées en 1962. Aujourd’hui les relations se réchauffent un peu, et en 2003 la Chine a ouvert la passe de Nathu, au nord du Sikkim, comme point de «commerce transfrontalier», reconnaissant ainsi implicitement le Sikkim comme un Etat indien (ce qu’elle se refusait à faire jusqu’alors).
Le Sikkim est l’État le moins peuplé d’Inde et le deuxième plus petit État après Goa. C’est aussi le seul État de l’Inde dont la majorité de la population est d’origine népalaise (le Népalais est d’ailleurs la langue principale). Gangtok est sa capitale.
Le centre de Gangtok est très agréable, et étonnamment décontracté, la rue principale MG Road étant même exclusivement piétonne (ce que je n’avais jamais vu en Inde):
A Gangtok, j’ai rencontré un sikkimais, Diwas. Diwas a 22 ans, il est étudiant en sciences politiques, et il m’a proposé spontanément de me faire visiter sa ville. J’ai donc passé quelques jours en sa compagnie et j’ai été très impressionnée par sa gentillesse désintéressée, son ouverture d’esprit et sa curiosité envers les autres cultures. Nos discussions ont vraiment rendu mon séjour au Sikkim passionnant.
Diwas m’a d’abord emmenée manger dans un super restaurant tibétain, « Taste of tibet »:
Nous avons visité ensemble la ville. Le Sikkim est une région très montagneuse, et Gangtok est entourée de collines:
Une vue sur Gangtok depuis le point de vue de Ganesh tok:
Nous avons visité Chogyal Palace, le Palais royal, qui n’est plus habité depuis la fin de la monarchie en 1975 (lorsque le Sikkim a été intégré à l’Inde):
Le Palais est situé au sommet d’une montagne, et n’est constitué que de quelques petits bâtiments.
L’intérieur du palais ne se visite malheureusement pas.
Nous avons ensuite visité le Chorten Do-Drul, une pagode tibétaine.
Puis nous nous sommes rendus au Mamgal Institute of Tibetology, un institut fondé dans le but de promouvoir les recherches sur le bouddhisme tibétain.
Nous avons ensuite visité la Gompa d’Enchey, un très beau monastère perché lui aussi sur une colline et entouré de conifères.
Le monastère est visité en particulier pendant les danses masquées de Detor Chaam qui ont lieu durant le mois de décembre (pas de chance, j’ai raté ça). L’atmosphère du lieu est particulièrement paisible.
Parmi les discussions que nous avons eues, Diwas m’a expliqué les coutumes de mariage du Sikkim. Si les mariages arrangés sont encore très nombreux, une autre coutume est celle de « l’enlèvement de la mariée »: si deux jeunes gens souhaitent se marier, ils s’enfuient ensemble. La famille du jeune homme doit alors se rendre chez la famille de la jeune fille avec de l’argent et des présents (qui semblent toujours inclure un mouton, et des bouteilles d’alcool), pour « rembourser » la perte. Une fois que les deux familles se mettent d’accord sur un remboursement acceptable, les jeunes gens peuvent se marier. Cette coutume s’appelle « Chor Ko Shor ».
J’ai expliqué à Diwas que je vis en France avec mon fiancé, ce qui est très choquant selon les standards indiens (le concubinage existe dans les villes les plus modernes comme Mumbai et Bangalore, mais ça reste marginal). Il a été surpris, mais très ouvert à l’idée. Il m’a dit: « Ah d’accord, vous vivez ensemble avant de vous marier. Et puis vous vous mariez. Et après ton mari prend une maitresse, c’est ça? »
Moi: « Pardon?? »
Diwas: « Oui j’ai vu ça dans les films, après le mariage le mari n’est plus amoureux et il prend une maitresse. »
Il m’a fallu un peu de temps pour lui expliquer que ce n’était pas une règle absolue. Je lui ai aussi expliqué qu’en France beaucoup de gens ne se marient jamais et que de nombreux couples divorcent. Je lui ai raconté que les grands-parents de mon fiancé étaient divorcés et ont refait leur vie avec d’autres personnes, il a trouvé l’idée absolument hilarante mais plutôt bonne. Sa conclusion: « La France est décidément le pays le plus romantique du monde! »
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