Depuis Gangtok, on peut facilement se rendre dans la ville de Rumtek, qui habrite un monastère très important, la Gompa de Rumtek. Pour comprendre un peu l’importance du lieu, un peu de contexte…
Le Bouddhisme est généralement subdivisé en trois branches principales:
– Le mahāyāna ou « Voie du grand Véhicule »;
– Le hīnayāna ou ‘ »Voie du petit Véhicule » (aussi Theravada);
– Le vajrayāna ou « Voie du Diamant ».
Le Bouddhisme vajrayāna s’est développé au Tibet et est aussi appelé Bouddhisme tibétain. C’est cette branche qui est pratiquée au Sikkim.
Le Bouddhisme tibétain peut lui aussi se subdiviser en 4 écoles:
– Nyingmapa;
– Karma-kagyu;
– Sakyapa;
– Gelugpa.
Le dalaï-lama est le chef spirituel de l’ensemble des écoles bouddhistes tibétaines, et membre de branche Gelugpa.
Le monastère de Rumtek est le plus grand monastère de l’Himalaya oriental, et le siège du chef de l’école Karma-kagyu (on l’appelle le Karmapa).
Ce monastère comprend des bâtiments religieux, des écoles et plusieurs hôtels. Il a été bâti entre 1961 et 1966 pour remplacer le monastère Tsurphu au Tibet, partiellement détruit pendant la Révolution culturelle.
La gompa de Rumtek est protégée par des gardes armés, ce qui est très inhabituel pour un monastère. Les étrangers doivent montrer leur passeport et leur permis pour le Sikkim. Pourquoi une telle protection? Car la gompa de Rumtek a été le siège d’altercations violentes et même d’une invasion en raison d’une controverse sur l’intronisation du dernier Karmapa.
La « controverse des Karmapa » est dûe à l’existence de deux candidats à la succession du 16e karmapa, mort en 1993. Le principal prétendant, Ogyen Trinlé Dorjé a fui le Tibet en 2000 et réside à Dharamsala; le gouvernement indien lui aurait interdit d’occuper ses fonctions à Rumtek pour ne pas contrarier les autorités chinoises. Son concurrent, Thayé Dorjé vie à Kalimpong, pas très loin de Rumtek. Les partisans des deux camps sont engagés dans une querelle juridique qui n’en fini pas.
L’école Karma-kagyu est aussi appelée l’école des lamas « à coiffe noire », en raison du couvre-chef du Karmapa: celui-ci porte une coiffe tissée avec des cheveux de dakini, des divinités célestes. Le Karmapa doit donc toujours tenir sa coiffe, pour qu’elle ne s’envole pas vers les cieux! Sur toutes les photos que j’ai vu de lui, le Karmapa s’accroche à son chapeau, ce que je trouve franchement comique. Puisque le 17eme Karmapa n’a toujours pas pu prendre le pouvoir, la coiffe est aujourd’hui conservée sous clef pour éviter qu’elle ne s’en aille à tire d’aile, et personne ne l’a vue depuis 1993…
Diwas m’a aussi raconté que le Karmapa possède des gardes du corps célestes, qui sont aujourd’hui enchainés quelque part autour du Monastère, et se réveilleront lorsque le nouveau Karmapa s’assiéra sur le trône…
Après cette visite passionnante, nous sommes rentrés vers Gangtok, en nous arrêtant pour un petit pique-nique:
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